
Un billet d'humeur du
docteur Faraj Chemsi.
Après avoir questionné des banquiers, des conseillers financiers, des spécialistes économiques sur le parallèle entre le système de retraite par répartition français et le système pyramidal à la Madoff ou à la Ponzi, je pense qu'il est nécessaire d'approfondir le sujet.
L'escroquerie Madoff a fonctionné pendant 48 ans, celle des caisses de retraite française et en particulier celle de la CARCD continue de durer depuis une soixantaine d'années. Tant que les nouveaux cotisants sont plus nombreux que les retraités, le système tient debout. Les dirigeants des caisses ne se gênent pas aussi d'ajuster les cotisations en fonction des besoins.
Madoff promettait des rendements de 10%, la CARCD une retraite paisible et heureuse comme le fait une publicité de la sécurité sociale vantant les mérites d'un système qui garantit aux salariés du privé une retraite durable, montrant quatre adolescents posant au bas de leur immeuble, avec le slogan ''Ne rigolez pas, c'est eux qui vont payer votre retraite.''
Les deux systèmes sont fondés sur le principe pyramidal, sur l'idée simple et puérile que l'argent des nouveaux entrants de plus en plus nombreux sert à payer les dividendes mirobolants ou les retraites à haut rendement des anciens.
Comme dans le système de Ponzi, les premiers entrants sont les mieux servis. Les chiffres d'un historique des rendements financiers de la CARCD depuis sa création sont éloquents :
- en 1960 ce système a permis à des confrères de s'octroyer des pensions avec un rendement de 35% sans avoir véritablement cotisé !
- les générations entre 1963 et 1990 se sont offert un rendement de 15% contre 6% pour la capitalisation sur le long terme.
- depuis 1990, la pyramide se retourne et risque de s'effondrer. Les dirigeants augmentent de façon considérable les cotisations et le rendement n'est plus que de 7%.
- l'âge moyen de la génération actuelle des chirurgiens-dentistes est de 52 ans et pour la génération des confrères nés pendant les années 70 le rendement prévu est de... 1,2% au mieux !
Il existe cependant de grosses différences même si elles sont basées sur une escroquerie similaire.
Dans l'affaire Madoff les victimes ont été bernées ou consentantes, animées par l'insatiable appât du gain.
Pour la retraite par répartition, c'est par la contrainte qu'on force les cotisants, qui n'ont pas signé de contrat avec leur caisse, à verser des sommes selon les besoins de celle-ci, pour faire perdurer la pyramide le plus longtemps possible.
Il faut préciser que les cotisations sont régulièrement ajustées à la hausse et si vous vous y opposez on vous répond laconiquement : '' Ça a été voté, c'est paru au Journal Officiel, nul n'est censé ignorer la loi ''.
Votre argent ne vous appartient plus, votre retraite non plus !
Il existe une différence particulière, quand il s'agit de la Caisse de retraite des médecins (CARMF).
En effet contrairement à Madoff et bien avant la révélation du scandale, le président de cette caisse déclare être ''le chef d'une bande d'escrocs'' et se demande si ''on devra un jour mettre les dirigeants de nos caisses de retraite en prison pour avoir cautionné des systèmes qu'ils savaient mauvais''.
Les dirigeants de la CARCD le savent également puisqu'en discutant avec un administrateur de cette caisse en 2006, il me dresse ce constat terrible : ''l'AV (allocation vieillesse) c'est mort, l'ASV (Avantage Social Vieillesse) c'est mort, la RC (retraite complémentaire) on a 7 ans de réserve.''
Effectivement, l'ASV qui représente 38% de la retraite CARCD a disparu définitivement, remplacé quelque temps par l'ACV (Assurance Complémentaire Vieillesse), puis actuellement par une nouvelle cotisation nommée PCV (Prestation complémentaire Vieillesse).
Et là Madoff fait figure de petit escroc !
En effet, avec le nouveau point ASV, le PCV, l'escroquerie atteint son comble car ce point coûtant 2413 euros a une valeur de 25 euros ! Les confères n'ayant pas quitté cette caisse achètent du vent !
Cela est confirmé par le président de la CARCD, qui, dans ses derniers éditoriaux et dans la plus belle des poésies, révèle que pour nos jeunes confrères la solution pour leur retraite se trouve dans un petit coin de ciel bleu européen et que l'avenir de nos jeunes passe en effet par Bruxelles.
Pour la Retraite Complémentaire on apprend aussi que cette branche doit sa pérennité, après neuf mois de gestation, à l'arrivée des sages-femmes !
De nombreux confrères sont très inquiets de ces propos et demandent des précisions sur cette prochaine aventure européenne.
D'autres vont jusqu'à demander des lignes comptables précises sans succès et aimeraient avoir le détail de frais de fonctionnement de plus de 10 millions d'euros.
Une autre différence avec le système Madoff est la violence employée par les dirigeants de cette caisse, pour extorquer les cotisations aux confrères ayant décider de s'assurer ailleurs pour la retraite et l'invalidité-décès.
Ces dirigeants, non satisfaits d'un harcèlement moral par l'envoi de mises en demeure et de contraintes d'huissiers, essaient actuellement de les assigner en cessation de paiements.
De nombreux jugements ont condamné ces tentatives et récemment le Tribunal de Grande Instance de Dijon a souligné qu'il ne fallait pas confondre le fait de ne pas pouvoir payer et celui de ne pas vouloir payer ses charges sociales.
Ici les menaces des dirigeants de la CARCD ont atteint les limites des Droits européens de l'Homme et du citoyen en tentant de forcer les récalcitrants à cotiser auprès d'une caisse incapable de jouer son rôle d'assurance retraite et d'invalidité-décès.
Je conseille à tous ceux qui hésitent encore à se libérer de l'escroquerie des caisses de retraite à lire d'urgence le magazine ''Entreprendre'' de février 2009. Il révèle que « le monopole des caisses de sécurité sociale n'existe plus depuis 1992 » !
Madoff ne va pas être le seul à tomber !
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Concernant le "chef d'une bande d'escrocs", voici la
lettre en question, écrite par « l’escroc » lui-même, puisqu'il s'appelle lui-même ainsi, Gérard Maudrux.
Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France
Paris, Juin 2007
Le Président
Chères Consœurs, Chers Confrères,
Entre solidarité et escroquerie, ou la répartition en toute honnêtetéAyant reçu récemment quelques réfractaires à la CARMF désirant rentrer dans les rangs (moins de 1% des confrères), ils me posaient chaque fois deux questions tout à fait logiques : combien cela va me coûter, combien cela va me rapporter.
Combien cela va me coûter ? Pour un médecin ayant par exemple 5 ans de cotisations de retraite en retard à régler, 65 000 € en moyenne (53 000 € pour le secteur 1), étalés sur 5 ans plus les années à venir. Au delà de 5 ans d'arriérés, des aménagements spécifiques sont prévus concernant les années déchues, pour aider les confrères à régulariser.
Combien cela va me rapporter ? 5 ans rattrapés, plus 5 ans à venir avant la retraite, cela fait 10 ans de cotisations, soit une retraite du tiers de celle des nouveaux retraités, soit 1 000 € par mois 12 000 € par an pendant 18 ans, plus la réversion, au total 260 000 euros pour 130 000 euros cotisés. Je les ai tous convaincus, d'autant plus que l'investissement est défiscalisable. Ceux qui ne cotisent pas à la CARMF perdent de l'argent, c'est une évidence !
Une fois rentré chez moi, je me suis demandé comment j'avais pu faire de tels calculs, de telles propositions, car que je sache, l'argent ne pousse pas tout seul. Comment 130 000 € peuvent doubler sans qu'on les fasse fructifier ?
Grâce à la répartition ! Trois cotisants pour un retraité, le compte y est (presque, car une part va à la compensation nationale et une autre est mise en réserve pour atténuer les effets de la démographie), me voilà rassuré. Pas tout à fait, il me restait quand même un goût amer, la sensation d'avoir tort quelque part. Si 130 000 € deviennent 260 000 € alors que l'on sait qu'ils ne font pas de petits, qui paye la différence ?
Si nous avions la garantie d'avoir une démographie constante, le contrat répartition serait un bon contrat, et je n'aurais pas à me faire de soucis sur son honnêteté.
Malheureusement chez les médecins, dans toutes les professions libérales, pour toute la population française, européenne voire mondiale, tout le monde le sait, avec la natalité et le vieillissement, le rapport démographique sera de 1 pour 1 dans une génération. Dans ces conditions mes propositions ne tiennent pas et mon sentiment de malaise est juste.
La répartition s'apparente aux chaînes financières strictement condamnées par la Loi. Les premiers gagnent beaucoup, grâce au nombre de nouveaux arrivants, mais au fur et à mesure des défections, le nombre s'étiolant, les derniers se retrouvent sans rien, bien qu'ayant financé la chaîne. Immoral, illégal.
Le contrat répartition passé avec les jeunes n'est pas illégal, mais tout aussi immoral. À un cotisant pour un retraité, ils ne toucheront pas plus que ce qu'ils auront versé.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas les laisser faire fructifier pendant 30 ans ces cotisations au lieu de les dépenser, afin de multiplier par deux ou trois la mise ? Faire travailler l'argent avant de le dépenser semble dans notre pays tout aussi indécent que le travail lui-même, ne rien faire et toucher un maximum n'est pas immoral chez nous.
Face au vieillissement, il n'y a qu'un moyen de conserver un rapport démographique supportable pour la répartition, si on persiste à ne maintenir que ce système : allonger la durée de cotisation, pour diminuer la durée de prestation. Si on fait cela, on fera cotiser les malades de mucoviscidose, les cancéreux, les vasculaires, les diabétiques, les obèses, et autres bons Français moins bien gâtés par la nature, pour une retraite qu'ils n'auront pas. C'est faire vivre à la retraite les mieux lotis, grâce au financement des moins bien lotis.
Moral ? Humainement plus acceptable que l'épargne ? Inacceptable.
À démographie non constante et diminuant, la répartition est peut être maintenant une escroquerie. Nous faisons financer les points que nous décidons de nous attribuer par la génération suivante, qui elle, n'aura pas l'aide d'une bonne démographie, et nous osons appeler cela la solidarité intergénérationnelle ! Le nom de solidarité cache des montages immoraux. Aller à la banque, se servir en créant un découvert sur le compte du voisin sous prétexte qu'il est plus jeune, n'est pas ma conception de la solidarité entre les générations.
Je croyais avoir l'honneur de présider le Conseil d'Administration, mais si ce n'est qu'une bande d'escrocs, j'ai le triste privilège d'en être le chef de bande. Ce n'est malheureusement pas parce que nous avons conscience de ce que nous faisons, que nous le disons, que nous gérons la répartition mieux que les autres que cela change les choses et nous donne du baume au cœur. Vos administrateurs se sentent bien seuls face aux "décideurs" et aux 534 autres caisses de retraite qui ne pensent pas comme nous.
Et vous, que pouvez-vous faire ? Arrêter de payer ? Vous perdriez de l'argent pour rien. Aujourd'hui vous êtes encore gagnants, de beaucoup, alors ne vous privez pas d'envoyer votre obole {montant ci-joint).
Et les jeunes ? Demain est un autre jour, ainsi va la France.
Je vous prie de croire, chères consœurs, chers confrères, en l'assurance de mes sentiments les meilleurs.
Docteur Gérard MAUDRUX